02 septembre 2009
Chers collègues,
Cela est ma modeste contribution sur le cas Malgache.
L’expérience mozambicaine de discussions préparatoires au rétablissement d’un ordre constitutionnel est assez triste, à cause du fait que les acteurs participant aux débats ont privilégié deux objectifs, cruciaux à leurs yeux.
1- Faire comprendre à l’opinion publique que le pays se trouve dans une période de réflexion en vue de possibles changements.
2- Comme tout processus de discussion coûte de l’argent et requiert des financements, les acteurs ont tendance à orienter la période d’élaboration de consensus et de prise de décisions au profit du bénéfice individuel (obtention d’argent pour les « coffres-forts » personnels et collectifs de chaque groupe).
L’élaboration des accords de Rome (signés en 1992), pour la paix et le rétablissement de l’ordre au Mozambique, a duré deux ans, à Rome, et a été précédée par 7 à 8 longues années. C’est pourquoi, lors de ces étapes - même si elles sont prévues pour la réflexion -, peu d’hommes politiques analysent la situation dans les mêmes termes que Lily. (Je ne suis pas sûre de la justesse de la traduction de cette dernière phrase. Isabelle)
La première étape sert normalement à se mettre d’accord sur des généralités : il est alors toujours facile d’arriver à des accords et de signer des déclarations de principes. Lors des étapes suivantes, toutes les parties en présence se montrent plus méfiantes parce que c’est là que se discute le partage du pouvoir (économique et politique entre autres).
C’est dans ces étapes, quand les acteurs concernés construisent un sens commun (une vision commune) de ce qu’est « être et faire société », que l’on peut arriver tôt ou tard à des protocoles. Cela dépend des intérêts que chaque groupe d’acteurs défend dans les discussions. Ce qui est en jeu est la répartition du pouvoir et non un consensus sur la transition. Cela peut prendre du temps. La conscience que le « pays est pris en otage » ne peut exister que dans l’esprit des citoyens et des groupes de citoyens conscientisés et organisés pour la cause nationale. Pour les politiciens, « le pays n’est pas otage », mais « traverse un moment de transition nécessaire pour la réflexion et le changement radical ».
La situation à Madagascar est en quelque sorte la mise en oeuvre de la recette écrite pendant la crise du Kenya. Cette recette est très à la mode dans les pays de cette zone du continent africain, surtout quand il y a des « crises », souvent engendrées par l’arrogance, la domination et les politiques prostituées et empreintes de paternalisme.
Nous nous sommes tous trompés, avec les politiciens d’aujourd’hui, en raison des crises politiques actuelles dans les pays de la région, qui retournent à la pauvreté. C’est la pauvreté spirituelle, la pauvreté matérielle et la pauvreté dans la façon d’être et de faire les choses (pauvreté des valeurs). Pauvreté qui rend insignifiante l’existence de milliers et de milliers de personnes innocentes qui se voient privées des opportunités de pouvoir vivre, ou, au moins, d’essayer de vivre bien.
C’est triste, ce qui se passe en ce moment et nous espérons que ce dialogue pour la paix à Madagascar ne consommera pas inutilement une telle quantité de temps avant de rétablir la légalité institutionnelle.
Courage, c’est ce que nous vous souhaitons.
Carlos Roque
CEDE