27 mars 2009
Nous ne sommes pas allés sur la place du 13 mai et nous n’irons pas à Ambohijatovo. En tant que citoyens et citoyennes, nous ne pouvons nous taire toutefois face à la situation de notre pays. Car le silence vaut consentement et équivaut à de la complicité.
1- Malgré les artifices juridiques déployés par des juristes en mal de relancer leur carrière politique, et avalisés par une HCC (Haute cour constitutionnelle) qui s’est déconsidérée, le transfert des pouvoirs qui s’est opéré la semaine dernière est un coup d’État qui n’aurait pu se faire sans le recours à l’armée donc à la force. Les évènements d’Antanimena, dont Madagascar et le monde entier ont été témoins, parlent d’eux mêmes.
Nous nous élevons contre l’usurpation et la confiscation de la voix du peuple, au nom d’une prétendue démocratie.
2- Après une prise de pouvoir aussi controversée, on se serait attendu à plus de modestie et d’humilité de la part du nouveau pouvoir. Au lieu de cela, on a assisté à une investiture où l’on prête serment de respecter une constitution dont on a déjà rejeté les dispositions, notamment sur l’âge minimum requis. Par ailleurs, l’assistance a vu la remise de tous les insignes du pouvoir suprême qui reviennent normalement à l’élu du peuple. Cela augure de la prise de responsabilité de ceux qui auraient dû défendre la dignité (hasina) de l’État et qui ont, malheureusement, laissé faire.
Nous nous élevons contre la désacralisation des emblèmes de la République.
3- Le peuple malgache est livré aux exactions d’une partie de son armée sans que quiconque ne proteste. Le CAPSAT (Corps des personnels et des services administratifs et techniques) menace, terrorise et pille sans qu’aucune voix ne s’élève pour mettre fin à ces pratiques.
Nous nous élevons contre le terrorisme de l’armée contre la population.
4- Le mouvement qui a abouti à la mise en place de la HAT (Haute autorité de transition) avait pour origine la lutte pour la démocratie et le refus du pouvoir personnel. L’ordonnance scélérate n° 003/2009, prise en catimini, non seulement s’arroge le droit de modifier la constitution (le nombre de membres de la HCC) au mépris de tous les textes en vigueur et malgré le serment de Mahamasina(1), mais aussi concentre le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire entre les mains d’un seul homme.
Nous nous élevons contre la dérive autocratique et le retour à la dictature.
Nous resterons vigilants sur toutes les éventuelles dérives que nous dénoncerons inlassablement. Car nous voulons, résolument et une bonne fois pour toute, l’adhésion à une société malgache qui soit du côté du verbe « être » et non et pas seulement ou d’abord du côté du verbe « avoir ».
[1] - La cérémonie d’installation du président de la Haute autorité de la transition (HAT), Andry Rajoelina, s’est déroulée au stade municipal de Mahamasina le 21 mars 2009