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Madagascar : une expérience de concertation collectivité décentralisée / population / secteur privé

par Lily Razafimbelo

Intervention de Lily Razafimbelo(1), Madagascar, lors de l’atelier international(2) co-organisé à Lubumbashi, République démocratique du Congo, du 5 au 7 juillet 2007, par :

  • le Maire de la ville de Lubumbashi
  • l’Observatoire du changement urbain de l’UNILU
  • un Comité ad-hoc de forces vives de la société civile locale
  • le centre Développement et Civilisations – Lebret-Irfed

sur LES RELATIONS ENTRE LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LES POUVOIRS PUBLICS


Voarisoa Observatoire : une expérience de concertation collectivité décentralisée / population / secteur privé

Voarisoa "Observatoire - Environnement et produits toxiques" est une ONG née à la suite d’un projet suisse qui portait sur la même problématique. Il a été repris par les membres malgaches qui sont intervenus dans le cadre du projet en 2000. Son objectif principal est d’approfondir la prise de conscience, à tous les niveaux, en vue d’atténuer les effets dommageables et les risques posés par une gestion inadéquate des produits chimiques.

Elle a défini deux missions principales :

  • promouvoir les alternatives à l’emploi des substances chimiques potentiel-ement toxiques,
  • appuyer toute action de renforcement des compétences nationales en matière de gestion des substances chimiques potentiellement toxiques pour la personne humaine et l’environnement.

Voarisoa a développé des stratégies et démarches pour mener à bien ses activités :

  • approche recherche-action-développement,
  • capitalisation systématique,
  • mise au centre de toutes ses interventions de la personne humaine et de son savoir-faire,
  • valorisation de l’expertise nationale,
  • appuis ponctuels et de court terme en concertation permanente avec les acteurs concernés.
    Voarisoa est en position d’agent d’information, facilitateur et modérateur.

L’expérience présentée porte sur une initiative que Voarisoa Observatoire a menée conjointement avec une commune suburbaine d’Antananarivo puis a étendue à deux autres communes urbaines pour la « mise en place de base de données / outil de veille dans le système de développement de la sécurité chimique d’une localité ».

Les 10 étapes de mise en œuvre de l’initiative :

1. à la suite d’une étude menée par une étudiante sur les déchets ménagers dans sa commune et qu’un membre de Voarisoa a encadrée, la maire de celle-ci a soumis à Voarisoa l’idée de mettre en place un système de sécurité chimique, sa commune concentrant la plus grande zone industrielle de Madagascar (plus de 40% des activités industrielles) ;

2. plusieurs séances de travail ont abouti à l’élaboration d’un projet et à l’identification de tous les acteurs concernés et qui devaient être impliqués : la population (écoles, secteur de la santé, chefs de quartier fokontany, Églises), la société civile et les entreprises et industries ;

3. la 1ère rencontre de tous les acteurs identifiés a été organisée par la Mairie pour présenter la problématique, la démarche et la philosophie du projet dont l’objectif fondamental était de rapprocher autour d’une table tous les acteurs qui, au départ, n’avaient pas les mêmes intérêts et ne pouvaient pas s’entendre et se concerter en vue de résoudre un problème majeur : assurer la sécurité de tous ;

4. il a fallu plusieurs réunions avant que tous les acteurs acceptent la nécessité de mettre en place ce système de veille pour la sécurité chimique et d’impliquer les départements ministériels en charge de la problématique (ministère de l’Environnement et celui de l’Industrie) ;

5. par consensus, une étude a été décidée pour connaître la situation réelle en matière de sécurité chimique et de risques, au niveau des entreprises (caractéristiques, activités, produits utilisés, déchets, système de sécurité déjà mis en place…), de la population (existence ou non de cas d’intoxication, perception du niveau de pollution…), de la commune (différents paramètres environnementaux de la localité : eaux de surface, eaux souterraines, déchets, santé…) Une sorte de cartographie des Objets à risques, Objets menacés, Zones à risques et Périmètre de sécurité a été ainsi constituée ;

6. restitution des résultats de l’étude diagnostique de la Sécurité chimique au niveau des localités lors d’un atelier de validation de celle-ci et de la proposition d’un système de développement de la sécurité chimique (ensemble de procédures visant à protéger la population, les biens et l’environnement autour du site de l’accident contre les conséquences éventuelles d’une situation d’urgence), notamment la mise en place d’une structure de gestion au niveau de la commune ;

7. mise en place de la « Commission communale sur la Sécurité chimique » au sein de la Mairie composée de représentants de la Mairie, de la population/société civile, des entre-prises/opérateurs ;

8. ateliers successifs pour validation du mécanisme de fonctionnement du système de veille (banque de données, tableau de bord) et des outils de risques (carte des risques, plan d’urgence) ;

9. ateliers de formation en vue du renforcement des capacités des membres de la structure : formation sur la sécurité chimique, appui technique et matériel ;

10. activités de sensibilisation des parties prenantes : Mairie, industriels et opérateurs, société civile, responsables au niveau de la santé et de la sécurité publique, et population en général.

Après trois ans d’activité, la Commission communale est opérationnelle dans deux communes et en cours de validation dans une région de la côte Est de l’île.

De cette expérience on peut tirer quatre remarques essentielles qui s’intègrent bien dans la dynamique de ce processus de mise en relation entre société civile et pouvoirs publics :

- 1. le parallélisme entre le processus qui a abouti à la création de la plate forme « accès à l’eau potable » durant l’atelier de Lubumbashi et celui initié par Voarisoa Observatoire, conduisant à la mise en place des « commissions communales sur la sécurité chimique » ;
- 2. un tel processus est long parce qu’il appelle un changement de mentalité, de mode de fonctionnement et de comportement des différents acteurs ;
- 3. il a mis en évidence la nécessité de favoriser des espaces de dialogue, de concertation et d’actions afin que des solutions soient appropriées par tous les acteurs concernés ;
- 4. il a mis en confiance des acteurs au départ campés dans leurs intérêts propres, mais parvenus à se convaincre que le changement est possible en donnant du sens à l’action de chacun.

Notes

[1] - Chercheuse et enseignante, Centre d’information et de documentions scientifique et technique, Antananarivo. Membre du Conseil d’administration de Développement et Civilisations - Lebret-Irfed

[2] - Pour lire le rapport de cet atelier, cliquer ici


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