N°365 - juillet 2008
par René Yerly(1)
par Richard Werly
Affrontements culturels ou lutte des classes
Dans les débats et les médias, la lutte des classes a cédé le pas à l’affrontement des cultures ou des religions. S’agit-il d’un reflet de la réalité ou d’une mode ? On peut se le demander tant sont grandes les interactions entre ces diverses formes de divisions qui déchirent la communauté humaine.
L’article de René Yerly montre une société libanaise où le respect d’autrui et le partage des fêtes étaient la règle à l’intérieur de chaque classe sociale entre personnes de religions différentes et il démonte le mécanisme par lequel les luttes pour la conquête du pouvoir instrumentalisèrent les différences religieuses au sein des classes les plus pauvres.
La rencontre de Bangalore, organisée par DCLI et AREDS*, sur la montée des fondamentalismes concluait que le fondamentalisme n’avait rien à voir avec les doctrines religieuses, mais résultait de la manipulation des plus défavorisés par des hommes en quête de pouvoir. Les participants s’accordaient, en outre, pour expliquer le succès du fondamentalisme religieux par le désespoir de ceux que les inégalités engendrées par l’application doctrinaire – voire fondamentaliste – du néolibéralisme, avaient marginalisés.
La journée des Nations unies contre la torture vient de rappeler que, au nom de la lutte contre le terrorisme mais, en fait, souvent, au nom du maintien de l’ordre établi, la pratique de la torture s’étendait et que les victimes appartenaient en majorité aux classes les plus modestes. Les victimes avaient eu le tort de protester contre les injustices qui leur étaient faites.
Le dialogue interreligieux est nécessaire, mais il ne résoudra pas les tensions qui naissent des inégalités et des injustices.
[1] - Économiste libanais