SÉMINAIRE SUD-ASIATIQUE

« Dialogue des civilisations et développement des peuples : Fondamentalisme religieux et globalisation »

Réunion publique, 3 août 2005, UTC Conference Hall, Bangalore (Inde)

COMMUNIQUE DE PRESSE

Contexte

La confusion et la peur générées par l’intolérance et la violence croissantes dans le monde aujourd’hui rendent le dialogue des civilisations encore plus nécessaire et plus urgent. Pour qu’un tel dialogue soit plein de sens et que soient trouvées des solutions, il est essentiel que ce dialogue ne soit pas déconnecté des conditions économiques à travers lesquelles cultures et civilisations s’expriment aujourd’hui. Ceci explique le titre donné à ce séminaire Sud-asiatique : « Dialogue des civilisations et développement des Peuples, Fondamentalisme religieux et globalisation ».

Ce séminaire fait partie de la série de séminaires sur le "Dialogue des Civilisations" lancée par le centre international Développement et Civilisations - Lebret-Irfed et dont le premier s’est tenu au Liban, en 2003, rassemblant des communautés chrétiennes et musulmanes de la région.

Les organisateurs

L’Association au service de l’éducation rurale et du développement (AREDS) a proposé d’organiser ce séminaire en Inde où tensions et conflits montent et mettent en danger une longue tradition de cohabitation pacifique de personnes appartenant à des castes ou à des ethnies différentes ou à des groupes religieux divers. Le monde occidental où la cohabitation intercommunautaire est un fait récent a quelque chose à apprendre de l’expérience indienne.

AREDS et Développement et Civilisations - Lebret-Irfed ont ceci de commun qu’ils placent l’être humain à la source et au cœur de tout développement. AREDS est convaincu que les petites gens, small people, conscientisées et rassemblées en grand nombre, sont capables de créer un autre monde. Cette association promeut l’éducation du petit peuple, met en route des programmes de développement, se mobilisent contre les violations des droits humains, en collaborant étroitement avec des réseaux et des groupes d’action.
Développement et Civilisations - Lebret-Irfed, par un travail en réseau et des séminaires, promeut la participation démocratique, la création de liens entre le niveau local et le niveau global, et le dialogue des civilisations.

Les participants

Pour échanger sur le fondamentalisme religieux et la globalisation, AREDS et Développement et Civilisations - Lebret-Irfed ont invité des universitaires, des représentants d’ONG et d’organisations populaires de l’Inde, du Sri-Lanka, du Népal, du Cambodge, du Liban, du Pakistan, de France, de Suisse. Parmi eux figurent des chrétiens, des hindous, des bouddhistes, des musulmans, ainsi que des dalits. Si la proportion hommes-femmes n’est pas parfaitement respectée, les femmes sont cependant représentées par de fortes personnalités.
La plupart des participants ont apporté des contributions écrites qui sont publiées dans les actes du colloque

Les objectifs

Le séminaire a pour objectifs :
- de mieux comprendre les menaces courantes du communautarisme, du fondamentalisme, et les relations qui existent entre le discours religieux et la globalisation
- de cerner plus clairement les valeurs humaines universelles telles qu’elles sont exprimées dans les pays concernés, dans leur contexte culturel, et chercher comment ces valeurs peuvent être renforcées et servir de contre-pouvoir aux menaces .
- de transformer les propositions émanant de ces rencontres en matériaux permettant la mise en place de modes de communication variés destinés a un large public ;
- de proposer des actions concrètes, particulièrement au niveau régional, et renforcer les relations entre les participants et leurs autres réseaux en vue d’actions communes futures.

Conclusions préliminaires

Causes des conflits et des tensions

• Des cas de conflits et de violence existant dans le sous-continent indien ont été présentés. Si la majorité des participants a le sentiment que leur nombre croît, l’un au moins d’entre eux a souligné que la violence semble avoir décru ces deniers temps parce que la population est plus instruite et mieux informée des raisons sous-jacentes aux tentatives des certains groupes ou individus en vue de détruire les relations paisibles qui, ordinairement, existent entre communautés diverses. En effet, l’ensemble des participants estime que la religion est mise au service des intérêts politiques et économiques de certaines personnes et certains groupes. Ils ne pensent pas que les religions elles-mêmes soient la source du fondamentalisme ; ceux qui veulent promouvoir le fondamentalisme le fondent sur l’aspect rituel des religions et non sur le contenu de leur enseignement, lequel traduit un souci de promotion des valeurs humaines…

• La globalisation a été présentée comme étant en elle-même un fondamentalisme en tant qu’elle impose une vision unique du monde économique, proposant des recettes toutes faites, ignorant la diversité des situations nationales, et qu’à travers les règles de l’OMC, elle restreint la marge de manœuvre des gouvernements dans la gestion des affaires nationales. La globalisation est aussi considérée comme une cause de la facilité avec laquelle des gens acceptent l’idéologie fondamentaliste ; celle-ci a aggravé les inégalités entre les personnes d’une même région, et entre les régions, et elle a créé une instabilité que le plus faible essaie de dépasser en adhérant aux solutions simplistes des fondamentalistes.

Remèdes

• De nombreux exemples ont été donnés par les participants, d’initiatives prises au niveau local et qui ont réussi, initiatives visant à rassembler dans des actions communes des personnes appartenant a des communautés, des castes, des religions différentes, ou a des groupes ethniques différents. Ces activités englobent l’éducation, la protection des droits des femmes, le souci de la santé, des projets de développement, et également les parlements d’enfants et d’adolescents qui se créent au plan local et au plan régional. Toujours, les gens acceptent de travailler ensemble pour une cause qu’ils considèrent juste ou dans l’intérêt de tous. Des actions intercommunautaires devraient être multipliées au niveau local, puis étendues au niveau régional et au niveau national.

• Des inquiétudes ont été exprimées, à savoir que le fondamentalisme est en train de prendre le pas sur la citoyenneté au niveau national, et que les intérêts économiques, au niveau global, prennent le pas sur le sens d’une solidarité humaine. Ceci appelle un renforcement du rôle social du gouvernement, une nécessaire augmentation des ressources disponibles, une nouvelle manière de considérer la motivation et les pratiques d’aide. Ceci appelle aussi une stricte application des lois par une justice indépendante et honnête car ceux qui pensent que la justice de leur pays n’est pas équitable sont une proie pour les fondamentalistes.

• Des inquiétudes ont été exprimées quant au fait que les autorités religieuses ne protestent guère lorsque certains déforment l’enseignement de leur religion pour justifier la violence exercée sur les femmes ou encourager le terrorisme. Il a été noté que la majorité des religions représentées au séminaire partagent les mêmes valeurs humaines : la paix, la tolérance, l’équité, la justice, l’amour, la non-violence, la compassion. Ceci appelle davantage de dialogues interreligieux afin de mettre en pleine lumière ces valeurs communes.

L.A. Samy, directeur
AREDS

Sergio Regazzoni, directeur
Développement et Civilisations - Lebret-Irfed